Un retour en arrière qui enterre les vers de terre 🪱… et nos sols vivants ?

Ils vivent sous nos pieds. Silencieux, invisibles, mais indispensables. Les vers de terre façonnent nos sols, nourrissent nos cultures, régulent les équilibres du vivant. Et pourtant, une loi récente pourrait bien signer leur arrêt de mort, au nom d’une prétendue “urgence économique”.

⚖️ Une loi qui interroge l’équilibre entre science, politique… et vivant

Adoptée en 2024, la loi Duplomb introduit une possibilité nouvelle : celle pour l’État français d’autoriser, dans certains cas exceptionnels, l’usage de pesticides pourtant déconseillés par l’ANSES — l’Agence nationale de sécurité sanitaire.

L’intention affichée est de répondre à des enjeux agricoles jugés stratégiques, notamment dans un contexte de crises économiques et climatiques.
Mais ce changement de cadre soulève une vraie question de société :
où placer la limite entre urgence économique et préservation du vivant ?

Lorsque la science identifie un risque pour la santé ou l’environnement, peut-on s’en affranchir malgré les conséquences déjà connues ?
Et comment garantir la confiance du public dans les décisions prises, si les garde-fous scientifiques peuvent être contournés ?

Ici, c’est toute une éthique du soin — aux sols, aux humains, aux générations futures — qui est remise au cœur du débat.

🧪 Les fantômes toxiques des années 70

Ces molécules qu’on veut remettre en circulation ne sont pas nouvelles.
Elles ont été massivement utilisées à partir des années 70, dans l’agriculture intensive.
On en connaît les effets, les ravages, les cicatrices laissées dans les sols et dans les corps.

Certaines avaient déjà été interdites en 2018, après des décennies d’alertes scientifiques et de constats alarmants sur le terrain.
Des produits dits « phytosanitaires »… qui ne soignent rien du tout, mais empoisonnent la vie dans les sols comme dans nos assiettes.

Alors pourquoi les réintroduire aujourd’hui ? Qui cela sert-il vraiment ?

🪱 Les vers de terre ne crient pas. Mais ils meurent.

Ils ne bloquent pas les routes. Ils ne signent pas de pétitions. Mais ils paient le prix fort.

Les vers de terre sont les gardiens de la fertilité naturelle :

• ils creusent, mélangent, digèrent, transforment.
• Ils rendent le sol vivant, poreux, fertile, respirant.
• Sans eux, pas d’agriculture régénérative. Pas de résilience alimentaire.

Or ces pesticides — même à faible dose — les paralysent, les stérilisent, ou les font fuir.
Les sols se vident alors de leur vie intérieure. Et un sol sans vie… c’est un champ en sursis.

🧬 Ce qu’on tue sous nos pieds affaiblit aussi nos ventres

Ce n’est pas qu’une affaire d’agriculture. C’est aussi une affaire de santé publique.

Le médecin Jimmy Mohamed l’a rappelé récemment :

“Ce qu’on respire, ce qu’on mange, ce qu’on boit… façonne notre santé bien plus qu’on ne le pense.”

Comme les sols, nos intestins hébergent un écosystème invisible : un microbiote riche, fragile, précieux.
Et les molécules qui empoisonnent les vers… troublent aussi nos équilibres internes.

Ce qu’on fait au sol, on le fait à nous-mêmes. Un sol stérile, une terre appauvrie, une alimentation sans vie : c’est tout notre système immunitaire qu’on rend vulnérable.

🌱 Alors on fait quoi ? Ramener la vie, un ver à la fois

Face à ce recul, on pourrait se décourager. Mais non. Car la vie, même minuscule, sait résister. Chaque lombric, chaque poignée de lombricompost, chaque sol régénéré est un acte de réparation.

Voici quelques leviers d’action concrets :

• 🏫 Faire entrer les vers de terre dans les écoles, les crèches, les cantines.
  Pour que les enfants les voient, les touchent, les comprennent.

• 🧑🌾 Soutenir les paysans et maraîchers qui régénèrent les sols par le compost, les couverts végétaux, la polyculture.

• 🧃 Lombricomposter nos biodéchets en ville, en collectif, en lombricomposteurs, pour nourrir les sols au lieu de les polluer.

• 🗳️ Interpeller les élus locaux qui ne savent pas : leur rappeler que la santé des sols est la base de la sécurité alimentaire… et sanitaire.

✊ Défendre les vers, c’est défendre notre avenir

Ce n’est pas juste une loi de plus. C’est une bascule. Un test de lucidité collective.

Allons-nous sacrifier encore la biodiversité, les équilibres du sol, et la santé publique, pour préserver un modèle agricole en bout de course ?
Ou allons-nous choisir la voie du bon sens : celle du sol vivant, du compost, des alliances avec la nature ?

Il est temps de redonner leur place à la faune et à la flore du sol, y compris aux vers de terre, ces alliés trop longtemps invisibilisés.

🌍 Pour aller plus loin

Envie de creuser (oui, toujours sans mauvais jeu de mots 😉) le sujet des vers de terre, des sols vivants et des solutions accessibles à toutes et tous ? Voici de quoi nourrir votre curiosité… et votre envie d’agir :

🪱 Comprendre les fondamentaux des vers de terre et du lombricompostage
👉 Lire les Guides Lombrics

🌿 Des astuces simples pour prendre soin du vivant dans vos pratiques quotidiennes
👉 Découvrir les PermaTutos pour jardiner autrement

🧑🏫 Se former, partager, transmettre
👉 Nos ateliers et formations autour des Lombrics et sols vivants

🛍️ Matériel, kits, lombricomposteurs, outils pratiques
👉 Notre boutique dédiée aux acteurs du changement

💌 Une question, un projet, une idée à partager ?
👉 Contactez-nous ici, on vous répond avec joie (et probablement des vers)

🎧 À écouter

L’intervention du Dr Jimmy Mohamed sur l’impact des polluants invisibles dans notre quotidien, et leur lien direct avec notre santé.
Un éclairage limpide pour comprendre ce que nous absorbons... sans le voir.

📚 À lire

Les travaux du chercheur Marcel Bouché, pionnier dans l’étude des vers de terre et de la faune.
À travers ses écrits, il nous rappelle que “le sol est un ventre, et les vers, sa mémoire.”